Daisy Lambert écrit, compose, et arrange une musique comparable à une cuisine bistronomique généreuse mais exigeante : des éléments simples servis avec soin, des associations inattendues, des textures faisant appel à des souvenirs rappelant les temps bénis, et au bout du compte, des pops songs à la fois intimes et universelles.
Né à la fin de la guerre froide, dans un département du Grand-Est plus connu pour ses faits divers que pour ses rock stars, Lambert (Guillaume, de son prénom civil) grandit, entouré d’amour et de musique, dans le confort affectif d’une middle class sobre et humaniste. A la maison, passent aussi bien les chanteurs-poètes chers aux parents, que les cassettes des grands frères : Beatles, Yes, Cure, Clash, Supertramp, Pink Floyd, Mike Oldfield, mais aussi Christophe et Jarre, qui seront plus tard à l'origine de son obsession pour certaines nappes de synthé, comme si par la suite, il allait toujours chercher à faire revivre ces chimères de l'enfance (les paradis perdus, en somme...).
Son premier album « Chic Type », paraît le 17 mai 2013, date de sortie du fameux Random Access Memories de qui vous savez. C’est la naissance du personnage de Daisy, « un garçon au prénom de fille, qui rêvait des Etats-Unis » ; ces mots vocodés introduisent alors un premier album pointu dans ses références mais accessible dans ses compositions, enthousiaste comme un jeune labrador, mais déjà généreux comme l’ouvrage d’un grand sage. Une sortie confidentielle, mais tout de même soutenue par certains acteurs de la presse culturelle (contre toute attente, la bromance de «Ce soir j’te sors» est nommée clip favori des lecteurs des Inrocks ). Fréderic Lo, génial orfèvre, est aux manettes de la réalisation sur deux titres tandis qu’Alf Briat (AIR, Flavien Berger, La Femme, Phoenix,...) est au mix.
Fin 2016, il célèbre sa nouvelle histoire d’amour avec « Les cœurs célestes », son 2ème LP (sorti chez Archipel). On y croise balades cosmiques et langoureuses, pluies d’étoiles synthétiques, voix suaves ou trafiquées et mélodies qui squattent l’oreille jusqu’à tard dans la nuit. Les textes oscillent entre la licence poétique et la naïveté du « niédoi saurou ». Gonzaï et Jack/Canal+ saluent l’Objet Sonore Non-Identifié et Lambert leur apparaît comme un olibrius un peu fêlé (mais "heureux les fêlés, car ils laissent passer la lumière"...)
Après une période de retrait, loin de la névrose artistique, lui vient l'idée d’une œuvre horizontale, collégiale, ontologique. Un disque pensé comme une série de portraits, qu'il baptisera Attractions. Lambert choisit de dévoiler progressivement sa pochette (signée Geoffroy Bouillanne) en sortant d'abord deux chapitres, pour enfin révéler une étrange statue faisant office de parc d'attraction psychédélique...Construction presque inquiétante, pouvant rappeler les délires d'un peintre ayant perdu la boussole. On y découvre 18 titres (dont 5 démos, uniquement pour les heureux acquéreurs du double vinyle), entre ombre et lumière, véritables BO de destinées... celles de héros du quotidien, qu'ils soient invisibles, flamboyants, ou ambigus. Pour ce film musical, Daisy fait son casting : Barbara Carlotti, Alka Balbir, Wendy Martinez, Octave Noire, Donald Pierre et LNA l'accompagnent dans cette odyssée humaniste.