Gatefold Jacket, 140g Red Vinyl with Poster
Qu’est ce qui pousse l’un des beatmakers les plus en vue de la nouvelle scène rap à signer un album de musique instrumentale qui convoque jazz, musique électronique, rock progressif, soul et trip-hop ?
"Je pense que c’est indirectement lié à mon père, répond d’emblée LILCHICK quand on le questionne sur The Solution, "il a longtemps été réticent au rap avant de s’y intéresser récemment, pour lui la musique c’est avant tout les harmonies."
Né il y a un peu plus de vingt ans dans une “petite ville perdue à côté de Reims”, élevé dans un foyer de mélomanes (le père est musicien et producteur amateur) aux goûts très légèrement décalés par rapport à ceux de leur génération (“ça écoutait plus Genesis et du jazz que Depeche Mode”), LILCHICK est poussé vers le solfège et l’apprentissage du piano mais c’est le virus du beatmaking qui le pique très vite. Au collège, il découvre le rap et ses nouveaux héros et développe instantanément une passion pour les prods. “J’étais fan d’Eazy Dew et de Ponko” se souvient celui qui aujourd’hui crée sans aucun doute des vocations auprès de la nouvelle génération tant il marque de son empreinte sonore le paysage rap contemporain en produisant pour Yvnnis, NeS, Maïro, Leo SVR ou Gen.
Avec son téléphone, puis un ordinateur fourni gratuitement par l’Education Nationale et des oreilles pas comme les autres, LILCHICK produit vite au kilomètre des type beats qu’il diffuse et monnaye sur YouTube. Ajoutant une guitare nylon à son arsenal, il se met à composer des boucles qu’il met à disposition et finit par s’attirer les faveurs de The Rucker Collective, pool de receleurs de loops très en vue, qui lui propose un contrat. Un matin pas comme les autres, LILCHICK apprend que le vénérable producteur californien Madlib a choisi l’une de ses boucles pour un morceau du rappeur de Buffalo Westside Gunn, plus tard ce sera pour le MC mythique Talib Kweli. Rien que ça.
À l’origine de The Solution, il y a donc cette pratique, qui consiste à composer ses propres samples pour les traiter et les intégrer à des compositions pour les autres. Mais pour ce qui deviendra le premier morceau coffré pour l’album, un déclic se produit : une boucle peut muter, se dédoubler, s’agencer à une autre, se développer et créer un morceau, riche en motifs et en textures, multiple et pluriel, à la fois mélancolique et joyeux, épique et apaisé, à l’image de la vie d’un homme – celle de l’enfant de la balle Patrick Dewaere devenu acteur surdoué et iconique avant de sombrer, par exemple.
Après “La vie de Dewaere”, qui semble jouer avec les codes des B.O. Nouvelle Vague pour mieux s’en affranchir, ce sera le triptyque “When” /”.Grace.” / “.Got Lost” qui s’ouvre comme une pièce d’ambient avec une guitare saturée et un sample de voix fantomatique, se développe en incartade indie naïve avant de lorgner vers le post-rock.
Chaque morceau de The Solution est un monde en soi.
Placé en introduction, “Sacred Deer” (qui est ou n’est pas une référence au film primé de Yórgos Lánthimos), est une B.O. qui combine pedales fuzz et beat hip-hop syncopé. “Whisper Memories” est une petite symphonie répétitive camouflée en exercice de style synth-pop. Sur “Downpour”, la trompette soyeuse et texturée de Lilian Mille (Bada-Bada) apporte l’accalmie après une explosion de breaks de batterie et de synthés.
“Tout petit, j’ai détesté la discipline. J’ai eu horreur de recevoir des ordres et horreur d’en donner. J’ai eu horreur de me soumettre” dit la voix de Georges Brassens au début du titre “Parachutiste” porté par un piano jazz, un entêtant sample de voix bouclé et un beat trip-hop, et co-composé par Alexis Delong (Zaho de Sagazan, Disiz). L’insoumission est-elle le moteur de ce projet hors-cadre, qui déjoue les formats imposés, les genres musicaux, les habitudes d’écoute ? Il répond en tout cas à une envie de se libérer des contraintes, de laisser s’exprimer des influences et des intuitions jusqu’ici passées sous silence.
“J’ai appris en faisant cet album que la structure d’un morceau n’est pas forcément celle d’une chanson, qu’elle peut être progressive” dit LILCHICK. Mais aussi : “pour la première fois, j’ai pioché dans la musique qu’écoutaient mes parents, que j’entendais passivement mais avec la curiosité qu’ils m’ont inculquée, et que j’ai découverte. C’est un hommage”.
LILCHICK, compositeur prodige de 20 ans, s'est rapidement imposé comme un incontournable de la scène rap émergente.
Influencé par des artistes allant de l'indie pop folk acoustique au hip hop en passant par des tracks électroniques, il puise son inspiration chez des artistes de tout horizon : de Justin Vernon de Bon Iver à Maxime Le Forestier. Il fusionne brillamment tous ces différents genres dans ses compositions, créant ainsi une signature musicale unique. Beatmaker, producteur et réalisateur de talent, il met un point d’honneur à suivre les artistes de A à Z dans leur processus et c’est avec cette même rigueur que du studio à la scène, il accompagne en tant que DJ, Yvnnis et Nes sur leurs tournées.
C’est d’ailleurs baigné dans un environnement musical auprès de sa famille, notamment par son père, professeur et musicien, que CHICK découvre l’environnement des home studio avec l’enregistrement de musiciens. C’est à cette même période qu’il commence avec détermination de produire un morceau par jour, habitude qu’il n’a jamais abandonnée. Ce sont ses premiers pas vers ce qui deviendra son métier. Niché au cœur des champs de colza à une heure de Reims, il démontre que le talent peut éclore n'importe où, sans nécessité des feux de projecteurs parisiens.
Depuis lors, LILCHICK rejoint l’essor d’artistes comme Yvnnis, NeS ou Mairo grâce à sa vision de réalisateur, se forge rapidement une réputation d’artiste multi-talent capable de fusionner différents genres et sous-genres avec brio. Il comptabilise aujourd’hui plusieurs placements de renom (Madlib et Westside Gunn, Moji x Sboy, ou encore Caballero & JeanJass).