Senamo - Un cauchemar avant le jour d’après

Mixé par Lionel Capouillez (Stromae, Fally Ipupa) et masterisé sous l'égide de Jules Fradet (Damso, Roméo Elvis), cet enregistrement entrevoit le hip-hop par le prisme de mélodies lo- fi, héritées du rock alternatif, de la culture punk et du rap emo. En phase avec ses convictions, totalement à l’image de ses aspirations, les chansons de Senamo explorent l’héritage de Kurt Cobain, s’approprient la trap de Trippie Redd et Sosamann, sans oublier de repenser le "No Future" scandé, en d’autres temps, par les Sex Pistols. Plus que jamais ouvert à la pop ("Alone in the Dark"), l’artiste sublime sa mélancolie en compagnie de la chanteuse Mia Léna ("Tomie") et s’affirme aux côtés de la révélation YungCiel ("Sally"). Ailleurs, il se joue de la superstition ("Vendredi 13") et signe un remake d’un scénario d’épouvante pour façonner l’un des ses meilleurs morceaux ("Poltergeist").

Inspirés par des faits réels, jamais divers, les morceaux de Senamo sont de nature autobiographique. Fabriqués au contact de la vraie vie, au plus près du cœur, les huit morceaux enregistrés sur "Un Cauchemar avant le Jour d'après" reviennent sur des non-dits, quelques ruptures sentimentales et autres failles émotionnelles creusées par l’amour et les excès. Plus sincère que jamais, Senamo se dévoile ici sans pose ni faux-semblants. Authentiques, les thèmes abordés sur ce nouvel EP se déclinent en noir et blanc, comme dans les cases dessinées par le Japonais Junji Itō, maître incontesté du manga d'horreur.

Sans effusion de sang, mais dans un flux permanent de sentiments contradictoires, Senamo explore le thème de la dualité. La vie et la mort, l’amour et l’abandon, le bien et le mal s’opposent et s’attirent tels des aimants perdus dans une époque rompue aux choix
binaires : un monde dans lequel il faudrait absolument choisir son camp. À cette vision étriquée de l’univers, Senamo oppose un disque coup de poing. Hymne à la diversité et à l’acceptation, "Un Cauchemar avant le Jour d'après" embrasse l’humanité dans toute sa complexité. Amateur du cinéma de Tim Burton, fan de "L'Étrange Noël de monsieur Jack", Senamo replonge dans la version originale du film ("The Nightmare Before Christmas") pour façonner les contours d’un titre prédicateur. Car, à l’évidence, "Un Cauchemar avant le Jour d'après" annonce des jours meilleurs et quelques lendemains qui chantent. Autrement. Avec classe et détachement. Parce qu'au bout du tunnel, il y aura toujours la lumière.