À l’origine de ce projet, le désir d’une mise en commun, d’une rencontre simplement, l’espace d’une séance, «pour voir» ce que l’on peut faire ensemble ; ce que l’on a à se dire, à échanger, à partager; ce que l’on peut se révéler les uns les autres, que l’on n’imaginait pas posséder. Une mise à nu en somme. Être vrai ici et maintenant, sans fard – être juste. Coeur à coeur. A Cappella.
Si très vite les instruments, guitares, basse, percussions de tous pays, sont entrés dans le jeu soulignant d’arrangements légers et elliptiques l’ossature frêle de chansons hyper-mélodiques, l’esprit initial est demeuré : sans artifice, sur le vif, à l’improviste – laisser parler l’âme à travers la voix humaine.
Trois voix, donc, à égalité, trois parcours singuliers, trois histoires parallèles, trois univers bien distincts, avec en commun, comme un soleil nourricier, plus ou moins lointain : l’Afrique.
Sensible, charnelle, colorée, vivante et vécue chez Richard et Lokua, le premier Camerounais, né sur le plateau de l’Adamaoua, entre savane et forêt vierge, le second Congolais, tous deux reliés par la puissance du fleuve Congo, charriant mythes et réalité d’une Terre intemporelle – et l’expérience de l’exil, la découverte du cosmopolitisme ultra-contemporain teintée de la nostalgie propre aux diasporas. Héritée, confisquée, pour Gerald, Antillais de Paris, embarqué à son tour dans la grande «drive» de ses ancêtres déportés, aux avant-postes, malgré lui, de ce nouveau monde métissé, à venir, déjà là, ici comme ailleurs.
Pas de chocs des cultures entre ces trois-là mais une douce et insidieuse contagion, comme si les frontières devenaient soudain poreuses, et que dans ce dégradé de couleurs de peaux, dans ces nuances de grain des voix, entre puissance tellurique et mélancolie caraïbe, au-delà des traditions, des langues et des cultures ancestrales, l’utopie légère d’un monde en-chanté naissait et s’estompait à peine entrée dans vos cerveaux, ne laissant que la trace délicieuse d’une ineffable sensualité.
Alors tout ça n’était qu’un rêve ? La magie d’un instant ? Oui peut-être. Mais en êtes-vous bien sûr ?