Un petit ovni venu du froid pour cette fin d’hiver : le premier album de Trentemøller, DJ phare de l’electro scandinave,The Last Resort est un bijou musical de par sa finesse et sa recherche créative. Anders Trentemøller, danois de naissance et installé à Copenhague depuis la fin des années 90, n’a eu de cesse d’aller vers une investigation musicale qui est l’origine d’un son particulier : froid et envoutant, mystérieux et cathartique, étrange et entêtant à la fois. La force musicale de cet artiste réside dans toutes ses contradictions.
Sorti à l’automne 2006, The Last Resort révèle au public un jeune DJ qui pourtant avait déjà fait ses preuves en sortant un EP trois ans auparavant. Un EP intitulé tout simplement Trentemøller, qui avait eu son petit succès avec les titres « Work in Progress » et « Le Champagne ». Mais ce jeune danois au background musical très riche, baigné dans sa jeunesse par une culture rock et cold wave, avait envie d’aller plus loin.
The Last Resort est l’aboutissement de toutes ses recherches : tantôt folk mutant, tantôt dub, résolument sombre, il évoque un fabuleux carnet de voyage aux confins les plus complexes de la musique ambient.
Trentemøller a aussi cette particularité qu’il ne vient pas des musiques électroniques à la base. Musicien dans des groupes de rock new wave et cold wave pendant des années, il découvre vraiment les machines, comme beaucoup de rockers, grâce au trip-hop de Bristol ou à la French Touch de la fin des 90’s.
Il n’oublie donc pas le groove d’une ligne de basse jouée comme dans « Vamp » ni la tristesse d’un arpège de guitare dans « The Very Last Resort » pour venir diversifier les ambiances de cet album vénéneux.
Trentemøller fait de toute façon partie d’une famille d’artistes aux côtés des anglais Matthew Herbert et Nathan Fake, ou des allemands Maurizio et Isolée qui a toujours refusé de cantonner la house et la techno aux seules pistes de danse, pour en faire une musique plus complexe et par conséquent plus captivante. The Last Resort nous en fait la parfaite démonstration en treize titres sublimes aux basses envoûtantes et aux nappes énigmatiques pour laisser une magie opérer doucement mais surement dans nos sensibles oreilles…
Marie-Laure Sitbon