« Dantesca » bénéficie du label "Le Choix De France Musique ».
Luigi Grasso, né à Ariano Irpino en Italie en 1986, apparaît comme l'une des personnalités les plus passionnantes du Jazz de sa génération. Grâce à son éducation, il découvre très jeune le jazz et la musique classique : il commence à étudier le saxophone à 5 ans un peu par hasard pour soigner son asthme.
Le Jazz et la musique classique sont depuis toujours les compagnons de route de Luigi Grasso et c’est avec le naturel d’un enfant bilingue qu’il aborde leur union, exempt de tout dogme, libre de toute hasardeuse classification. Son monde se nourrit à une même source où se côtoient Maurice Ravel, Charlie Parker, Igor Stravinsky et Thelonious Monk... Ainsi,« Suite Dantesca », une oeuvre symphonique ambitieuse, en tous points hors norme, ne ressemble qu’à lui, elle est le reflet de son histoire et du chemin d’excellence qu’il parcourt depuis le plus jeune âge.
Ce nouvel opus, le compositeur italien l’a envisagé comme un album "réversible", qui peut se lire selon le désir, ou l’humeur, en commençant par une face ou l’autre. Sur chacun de ces versants, le geste d’écriture précède de loin le seul désir de l’instrumentiste. C ‘est donc naturellement, avec une hauteur qui dépasse la musique elle-même, que se dessinera la « Suite Dantesca », qui occupe la face A toute entière, inspirée par la "Divine Comédie" de Dante, un des chefs d'œuvres fondateurs de la littérature. L’ immense palette de couleurs et l’ infinie complexité de sentiments de cet hallucinant voyage initiatique offrent à Luigi Grasso la trame d’une suite épique éblouissante, d’ une aventure musicale inédite qui dévoile un compositeur de tout premier ordre.
Nous tenant la main comme pour nous conduire d’une rive à l’ autre, il nous offre pour la face B, une" Manhattan Serenade" fascinante qui fait référence à l’univers foisonnant de la ville où le Jazz ne dort jamais et où Broadway, bien plus qu’une avenue, est autant le théâtre de ces fameuses chansons intemporelles du Great American Songbook, terreau privilégié des improvisateurs. Cet autre profil de lui-même, Grasso l’attaque frontalement par une exploration renversante de Lush Life, en solo absolu, une performance de saxophoniste virtuose nourrie de la vision du compositeur qui déroule la trame harmonique et mélodique du thème de Strayhorn, comme pour le rendre plus limpide encore. Se dévoilent alors "Fears Disappear" et "Lonely Paris ", distillant l’un et l’autre des parfums qui font se croiser le jazz et une brillante orchestration symphonique.
Sur ce nouveau projet, Luigi Grasso occupe tous les postes : Il est l‘ auteur de la pièce (le compositeur), son metteur en scène(l ‘orchestrateur ), et en campe aussi le personnage principal( le soliste.) Endosser avec un tel don pour l’ubiquité ces différents costumes requiert des capacités et un talent considérable. C’est également le fruit d’une formidable somme de travail et de réflexion. Nous est ainsi offerte la création d’un artiste en pleine maturité pour qui la musique est le moyen d’observer et d’embrasser le monde. Les frontières alors se floutent, les styles se confondent, reste un geste artistique si puissant qu’il oblitère tout débat.
« Suite Dantesca », est une des toutes premières œuvres qui met en scène un soliste de jazz au sein d’un orchestre symphonique dont l’effectif est dépourvu de toute référence au monde du Jazz (Pas ici de section rythmique.) Elle s’adresse à ceux qui abordent l’Art comme un voyage, ceux qui, comme à rebours du bruit du monde, sauront prendre le temps de se perdre dans des mondes inconnus, dans un dédale d’inspiration dont un arc narratif solide et articulé est la boussole .
Entre Jazz et musique classique pour de très rares artistes, le choix n’ est pas de mise, Luigi Grasso est de cette trempe.