Compositeur vedette des années 60 (Les Tontons flingueurs, Fantômas, Angélique marquise des anges), Michel Magne est pris en 1974 dans la faillite de son studio d’enregistrement, à Hérouville. Il lance alors au parolier Boris Bergman : « Rien ne va plus, faisons un grand disque religieux ! » Il en résulte une bombe mysticico-psychédélique, où Magne amalgame les musiques juives, arabes et africaines à des rythmiques pop. Un an après leur collaboration sur Don Juan 73 de Roger Vadim, Bergman lui offre des textes qui fonctionnent comme un conte moderne, porté par la voix abrasive du bluesman new-yorkais Artie Kaplan, le créateur du fracassant Bensonhurst blues. Sorti dans l’indifférence fin 74, Moshe Mouse Crucifixion ressuscite aujourd’hui, remasterisé de près. Sa modernité est plus contemporaine que jamais. « Toutes les fusions actuelles, du nord au sud, d’est en ouest, semblent déjà présentes » confirme Boris Bergman. Moshe Mouse Crucifixion, c’est plus qu’un album, c’est le chaînon manquant de la pop française.