Un véritable sens mélodique inspire depuis toujours ces gladiateurs-là. Avec, de plus, la voix émue d'Albert Griffiths pour chanter la foi en Jah, avec toute la ferveur possible, ces plages prennent une force irrésistible ("Wicked Man"). Il y a aussi une gaieté naturelle, presque une respiration vitale, qui inspire aux couplets l'espoir et la joie de vivre, simplement. "Good Good Loving", avec sa trompette pimpante, ses chœurs réjouis, cette guitare frivole, donne instantanément le sourire. Et puis il y a ces moments inattendus, comme "Lonely Heart", qui ressemble comme deux gouttes d'eau à "Your Cheatin'Heart", de… Hank Williams. Il faut imaginer une chanson country avec le skank du reggae. Surprenant et réussi. Depuis 1967, les Gladiators apportent à la musique jamaïcaine leur bonne humeur, leur conviction, et une maîtrise de style ("War Is Over"), où il n'y a pas de place pour le superflu. Du coup, cet album s'inscrit dans un courant roots le plus naturellement du monde, car ceux qui nous l'offrent furent parmi les fondateurs du genre ; et lorsqu'ils chantent "Unite", on a envie, très envie, de les rejoindre.