Butter Bullets

France

Les journalistes doivent parfois redoubler d’imagination pour définir au mieux l’univers de certains artistes, en particulier lorsque ces derniers assument des partis-pris artistiques aussi marqués que ceux de Butter Bullets depuis dix ans. Le groupe a pourtant simplifié la tâche de toute la profession en synthétisant l’essentiel de son esthétique directement dans le titre de son album : Noir Métal. Toujours plus profondément sombre et négatif, Sidisid -le rappeur affiche ainsi pendant un peu moins d’une heure une malveillance à la limite du sadisme (“le rap c’est une pute et j’le mène à la baguette”, 45 Scientific), tandis que Dela -le beatmaker s’applique à sublimer la cruauté de son binôme avec des productions aussi oppressantes que précises. Butter Bullets brille dans la noirceur, à l’image de certains trous noirs plus lumineux que des galaxies entières. Treize ans après Les Nouveaux Romantiques, Butter Bullets a perdu en cours de route la majorité de ses illusions, ne conservant qu’une exigence artistique démesurée et un amour aussi sincère pour les belles choses que pour les idées malsaines (“tout en noir comme Donatella à l’enterrement de Gianni”). Né au sein d’une scène marginale de la musique française (Crack Bizz, 2007), le groupe s’est inséré dans le monde du rap avec Peplum (2012) et Memento Mori (2015), avant de le rejeter lentement mais sûrement avec Air Mès et Hermax (2018) et donc Noir Métal (2019).