A la fin des années cinquante, Antonio Carlos Jobim, Vinicius de Moraes et João Gilberto ont insufflé une nouvelle sensibilité à Rio de Janeiro, qui mêle le rythme de la samba à la tristeza et à la felicidade, pour faire naître une nouvelle musique. Elle pourrait s’apparenter au spleen avec ses lueurs d’espoir et son esprit « cool » qui userait de la syncope et d’un rythme ralenti. C’est un nouvel esprit qui souffle sur la musique brésilienne. Il aura suffi de quelques albums venus de Rio (Chega de Saudade de Joao Gilberto), d’un film Orfeo Negro de Marcel Camus, primé à Cannes en 1959 et de la curiosité d’une douzaine de musiciens de jazz américains pour que la Bossa Nova devienne un style musical qui domine la première moitié des années soixante. Bien sûr, la sincérité brésilienne a paru éclipsée dans les arrangements américains d’une sensibilité toute naissante en 1962, mais force est de reconnaître l’apport de la Bossa Nova au jazz de ces années-là. C’est la richesse de la musique, de se nourrir des échanges, même si la Bossa Nova jouée à New York avait pour certains, pris un goût trop septentrional ou trop américain. Mais l’écoute de ces quatre faces enregistrées en l’espace de 4 années nous révèle combien l’échange enrichit la musique.