Quelles solutions pour un vinyle éco-responsable ?

Quelles solutions pour un vinyle éco-responsable ?

24 juin 2024

Ce n’est plus nouveau : avec un triplement des ventes mondiales de disques ces 10 dernières années, le vinyle connait un essor considérable qui ne cesse de croître. Mais cette remontada se heurte à la question climatique. Les outils de production vieillissants, le PVC à base de pétrole ou la surproduction sont tant de sujets qui touchent la conscience des passionnés de vinyle : au Royaume-Uni, 71% de la génération Z et 66% des millenials se disent prêts à payer davantage pour un disque produit de manière éco-responsable. Certains artistes, comme Billie Eilish, poussent un cri du coeur et mettent en lumière la nécessité de créer un vinyle plus “green”. Comment allier passion pour la musique et conscience écologique ? Faisons un tour d’horizon des initiatives mises en places ou envisagées face à ces questions.

LES ALTERNATIVES AU PLASTIQUE

Le PVC (Polychlorure de Vinyle) qui constitue la plupart des vieux vinyles est un plastique difficile à recycler. Heureusement, plusieurs solutions existent déjà pour y remédier.

MATÉRIAUX ALTERNATIFS

D’une part, plusieurs entreprises ont relevé le défi de trouver des matériaux alternatifs, permettant ainsi de réduire considérablement l’utilisation de pétrole.

Au Royaume-Uni, la société Evolution Music a innové en créant le premier vinyle en “bio-plastique” à base de betterave sucrière, baptisé “Evovinyl”. La même entreprise explore également la production de vinyles à partir de déchets collectés sur les plages anglaises. Ces bioplastiques sont non-toxiques, compostables et présentent une qualité sonore équivalente aux vinyles traditionnels, tout en générant au passage moins d’électricité statique, attirant ainsi beaucoup moins la poussière !

En collaboration avec l’association Bye Bye Plastic, Evolution Music a également travaillé sur un vinyle à base de fermentation bactérienne : une trouvaille certes étrange, mais qui permet d’économiser 15% d’énergie à la production. En France depuis 2016, c’est un disque biosourcé à base d’algues qui est en développement : le “Vinylgue”.

Selon le fabricant de PVC PlastChem, le bio-vinyle peut réduire jusqu’à 90% des émissions de CO2.

NOUVELLES TECHNIQUES DE RECYCLAGE

Au delà des bio-plastiques, le recyclage se présente comme une solution essentielle. Pour réduire ses déchets, certaines usines proposent un “Eco Mix” : une technique consistant à recycler vinyles défectueux et résidus de production pour créer de nouveaux vinyles. L’avantage ? Les coûts de production de l’Eco Mix sont les mêmes que pour un pressage classique, sa qualité sonore est identique, et il offre au disque un effet marbré unique. De son côté, Evolution Music réfléchit également à un vinyle à base de bouteilles en plastique recyclées.

D’après le fabricant de packaging SPG Group, les effets sont sans appel : le recyclage permet de réduire de moitié les émissions de CO2 dues au plastique.

DE NOUVEAUX MODES DE PRODUCTION

Un autre problème auquel a fait face l’industrie du vinyle est le vieillissement des presses hydrauliques, qui ont dû reprendre du service avec le nouvel essor du vinyle de ces dernières années, mais sont longtemps restées sans mise à jour.

Au Canada, Viryl Technologies a développé des presses à vinyles bien plus modernes comme la “WarmTone”, qui utilise un système de chauffage par induction. En parallèle, le collectif néerlandais Green Vinyl Records, avec Good Neighbor, développe une machine de pressage sans vapeur avec un système de moulage par injection, réduisant la consommation d’énergie de 60%. De son côté, l’entreprise Pheenix Alpha propose des machines qui incluent automatiquement des excédents de PVC dans leur processus de production, comme la “Pheenix Record Recycling Dinker

DES USINES PLUS “GREEN”

Au delà du disque, la structure même des usines évolue, avec l’utilisation croissante de panneaux solaires pour alimenter les locaux en énergie renouvelable, la réduction de consommation d’eau ou encore le recyclage thermique redirigeant la chaleur des machines vers les bureaux.

UN PACKAGING REPENSÉ

Qui dit éco-responsable, dit packaging. Certaines imprimeries comme Calverts (au Royaume-Uni) utilisent des encres à base d’eau ou d’huiles végétales, remplaçant les encres à base de solvant. Concernant l’emballage, des labels comme Ninja Tune ont opté pour l’utilisation de pochettes en carton recyclé certifié FSC. Les pellicules de plastique, elles, sont remplacées par des matériaux biodégradables (comme le maïs) ou par des pochettes “de seconde main” réutilisées.

UNE PRODUCTION RELOCALISÉE

Pour réduire les émissions liées au transport, il est essentiel de favoriser la production locale. L’entreprise de packaging et de vinyle MPO International a relocalisé une partie de sa production en France. De son côté, Diggers Factory pense son implantation intelligemment, en collaborant avec des usines implantées localement selon la région (Amérique, Europe…)

DES MODÈLES ÉCONOMIQUES REPENSÉS

Pour éviter la surproduction et la surconsommation, les systèmes de pré-commandes sont de mise. Diggers Factory en a fait son fer de lance : se fier aux pré-commandes, c’est produire précisément les quantités nécessaires selon la demande, et ainsi réduire les risques d’invendus et de déchets inutiles.

CONCLUSION : LE VINYLE PEUT-IL ÊTRE “GREEN” ?

Comme on peut le constater, l’industrie du vinyle ne s’est pas fait attendre sur les sujets d’éco-responsabilité : nouveaux matériaux, recyclage, optimisation des outils de production et changement des modes de distribution sont tant d’outils qui permettent déjà de réduire considérablement l’impact climatique du microsillon.

Cependant, si vous êtes passionné de vinyle et toujours inquiet pour votre empreinte carbone, restez sereins : le vinyle reste plus écolo que le streaming, à condition de l’utiliser vraiment !

Selon Kyle Devine, professeur en musicologie de l’Université d’Oslo ayant étudié l’impact environnemental de la musique, les émissions de gaz à effet de serre du streaming sont deux fois plus élevées que celles du vinyle et de la cassette. MusicTank publiait également une étude soutenant ce propos en 2012, affirmant que streamer un album plus de 27 fois était plus énergivore qu’écouter son vinyle. Comme quoi, le vinyle fait finalement peut-être partie de la solution.


Envie de produire vos propres vinyles en respectant la planète ? Chez Diggers Factory, nous disposons de plusieurs solutions éco-responsables pour les artistes et professionnels. N’hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus !