Les années 2000 marquent un tournant dans la culture électronique. Après plus de dix années dominées par une house music qui va chercher ses racines dans la funk, la disco ou la soul, et par la techno pure et dure, la musique électronique subit un tournant majeur avec l'arrivée de la minimale et de l'électro.
Des labels allemands comme Playhouse, Minus, Kompakt, Perlon ou International DJ Gigolo redéfinissent le son des dancefloors européens en injectant les uns, une bonne dose de rock & roll, les autres, un esprit de dépouillement. Ensemble, ils font souffler un vent de renouveau sur la scène électronique. Ces influences se ressentent fortement dans le choix des extraits samplés, et sont largement réciproques puisqu’en 2000 l’album “Kid A” de Radiohead surprend le public par ses sonorités électroniques. L’électro va donc se nourrir de ses différents styles musicaux et de nombreux nouveaux genres se créent avec une nouvelle approche mélodique, des instruments et des techniques plus variées, mais surtout des ambiances plus sombres et proches de celles évoquées par la musique rock.
A la fin des années 90 les rythmes saccadés proposés par le courant breakbeat (2-step, drum & bass…) sont assez populaires au Royaume Uni mais des musiques au rythme minimal et des mélodies guidées par une basse plus funk envahissent les clubs. Le label allemand Playhouse joue un rôle déterminant dans le développement de ce genre et compte en son sein les premiers artistes et albums marquants de ce mouvement. Des noms comme Losoul, Isolée ou encore Villalobos viennent tout de suite en tête avec des classiques sortis pour le compte de ce label : “Belong” (Losoul, 2000), “Alcachofa” (Ricardo Villalobos, 2003), “Plastik” (Simon Baker)...
Toujours en Allemagne, l’Anglais Richie Hawtin s’installe à Berlin en 2003 après un passage à New-York, avec dans sa valise toute l’effervescence de son label Minus. Lancé en 1998, le label s’impose très vite comme une référence dans les musiques électroniques et en particulier de la minimale en faisant éclore des artistes comme Magda, Troy Pierce ou Marc Houle. En 2006, Minus récolte le fruit de ses efforts et la reconnaissance de son influence en décrochant la première place du classement Resident Advisor des meilleurs labels de musiques électroniques de l’année.
Côté British, c’est le label Border Community qui représente le mieux la transition historique qui s’opère entre techno pure et house music. Le label est fondé en 2003 par le jeune James Holden, alors âgé de 24 ans. Avant de créer le label, ses productions musicales étaient très orientées trance, mais avec son EP “A Break in the Clouds” il complexifie sa musique et donne la ligne directrice de sa nouvelle structure. Ce label présente de nombreux projets mêlant les sonorités techno et house expérimentale, dans la lignée de ce qui tournait dans les clubs londoniens depuis déjà la fin des années 90.
Le bouillonnement créatif de ces années a permis aux musiques électroniques de se renouveler, de se diversifier et de toucher un public plus large. Ces labels et artistes ont posé les bases pour nombre de courants actuels et leurs influences se ressentent encore fortement aujourd”hui.