Bird lives ! C’est, paraît-il, ce qu’on pouvait lire sur les murs de Manhattan peu après la mort de Charlie Parker survenue le 12 mars 1955. L’histoire ne dit pas si Paris vit telle floraison de graffitis à l’heure de celle de Django Reinhardt, un peu moins de trois ans auparavant (16 mai 1953, par une journée lourde et orageuse). Ce qui est certain, c’est que la descendance du divin manouche vaut bien celle de l’oiseau de feu du bop, tant par le nombre que par la qualité et la dévotion vivante. Un incroyable défilé de générations de musiciens a en effet repris à bon compte l’héritage, s’imprégnant de toutes les fulgurances de ces génies trop humains pour ne briller que depuis leur Olympe. La postérité inaltérable n’est toutefois pas sans écueils : à la célébrer béatement, les âmes les mieux attentionnées lui font parfois courir le risque de la fossilisation. De toute évidence, Edouard Pennes ne mange pas de ce pain là : ni gardien du temple, ni gardien de musée, il a choisi la vie. Membre fondateur avec Bastien Ribot du RP Quartet, sémillante et originale formation bien plantée dans le décor du jazz hexagonal depuis une bonne douzaine d’années, guitariste formé par l’immense et trop méconnu Serge Krief, animateur des folles nuits des Paris Jazz Sessions, Edouard Pennes n’a eu pour ce Génération Django que des bonnes idées. De celles qui prolongent l’invention et l’aura du maître. La principale étant d’avoir revêtu le costume du contrebassiste qui est un peu le chef d’orchestre du jazz gitan. Un chef d’orchestre maitre de la pulsation et avec au bout de sa baguette un magnifique petit quatuor à cordes, des arrangements ad hoc et un bouquet de guitaristes parmi les plus intéressants du moment. Car Sébastien Giniaux, Romain Vuillemin, Fanou Torracinta sont de sérieux clients. Les meilleurs peut-être pour arpenter avec délice ce répertoire qui, pour leur être familier, n’en réveille pas moins toutes leurs qualités. Depuis ses débuts dans la musique, Sébastien Giniaux s’est choisi Django Reinhardt pour phare, le suivant même dans la pratique sérieuse de la peinture. Son intérêt pour la culture des Balkans, la musique classique et l’improvisation en ont fait un musicien agile et curieux, toujours éloquent (puisqu’il ne parle jamais pour ne rien dire) comme en attestent ses prises de paroles sur « Swing 48 », manifeste de modernité, ou ce « Troublant boléro » emmené sur un pastel de folk. Romain Vuillemin a lui aussi vu Dieu le Père en découvrant la musique du créateur de «Nuages». Avec son quartet, il en a prêché la bonne parole, en assimilant jusqu’à la moelle les éléments de l’école alsacienne dont il est issu. A la pompe comme en voix lead, dans les trépidations de « Dinette » comme dans les vapeurs de « Manoir de mes rêves », le guitariste ne triche pas. Fanou Torracinta a baigné dans un pays de guitare et de voix fortes. En Corse, son île, il croise Tchavolo Schmitt qui va le révéler à un public plus large mais Django règne déjà en coeur telle une idole. Une douce langueur (qui le fait exceller sur les valses et autres flonflons dont « Montagne Sainte Geneviève » se fait l’écho) et la sonorité de cristal qu’il prête à « Nuages » lui confèrent une place de choix et tout à fait méritée sur la scène actuelle. Rassembler tant de talents – auxquels s’ajoutent ceux de Julien Cattiaux à la pompe, Giacomo Smith et Robert Fish à la clarinette – ne différencierait pas ce projet d’autres hommages à Django Reinhardt si Edouard Pennes n’avait eu le goût d’y placer un très élégant quatuor à cordes (Jules Dussap et Charlotte Chahuneau au violon, Issey Nadaud à l’alto et Apolline Lafait au violoncelle), toujours placé au bon endroit et au bon moment par les arrangements de Philippe Maniez, Sébastien Béliah et David Paycha. Des couleurs impressionnistes que Django aimait tant, aux cadences baroques très anciennes cousines du jazz, jusqu’aux symphonies de poche à la remarquable efficacité, ces arrangements illuminent littéralement les compositions, sans en retrancher aucune des propositions. Ce qu’un arrangement devrait toujours être ! Ce Génération Django n’est pas un hommage comme les autres. Ici, on ne voit pas le temps passer et les thèmes, même connus par coeur, défilent dans toute leur évidence, loin des artifices et des déluges de notes. Un magnifique spicilège du génie qu’il célèbre et qui, décidément, ne meurt jamais. Django lives !
Edouard Pennes & Génération Django
France
Bird lives ! C’est, paraît-il, ce qu’on pouvait lire sur les murs de Manhattan peu après la mort de Charlie Parker survenue le 12 mars 1955. L’histoire ne dit pas si Paris vit telle floraison de graffitis à l’heure de celle de Django Reinhardt, un peu moins de trois ans auparavant (16 mai 1953, par une journée lourde et orageuse). Ce qui est certain, c’est que la descendance du divin manouche vaut bien celle de l’oiseau de feu du bop, tant par le nombre que par la qualité et la dévotion vivante. Un incroyable défilé de générations de musiciens a en effet repris à bon compte l’héritage, s’imprégnant de toutes les fulgurances de ces génies trop humains pour ne briller que depuis leur Olympe. La postérité inaltérable n’est toutefois pas sans écueils : à la célébrer béatement, les âmes les mieux attentionnées lui font parfois courir le risque de la fossilisation. De toute évidence, Edouard Pennes ne mange pas de ce pain là : ni gardien du temple, ni gardien de musée, il a choisi la vie. Membre fondateur avec Bastien Ribot du RP Quartet, sémillante et originale formation bien plantée dans le décor du jazz hexagonal depuis une bonne douzaine d’années, guitariste formé par l’immense et trop méconnu Serge Krief, animateur des folles nuits des Paris Jazz Sessions, Edouard Pennes n’a eu pour ce Génération Django que des bonnes idées. De celles qui prolongent l’invention et l’aura du maître. La principale étant d’avoir revêtu le costume du contrebassiste qui est un peu le chef d’orchestre du jazz gitan. Un chef d’orchestre maitre de la pulsation et avec au bout de sa baguette un magnifique petit quatuor à cordes, des arrangements ad hoc et un bouquet de guitaristes parmi les plus intéressants du moment. Car Sébastien Giniaux, Romain Vuillemin, Fanou Torracinta sont de sérieux clients. Les meilleurs peut-être pour arpenter avec délice ce répertoire qui, pour leur être familier, n’en réveille pas moins toutes leurs qualités. Depuis ses débuts dans la musique, Sébastien Giniaux s’est choisi Django Reinhardt pour phare, le suivant même dans la pratique sérieuse de la peinture. Son intérêt pour la culture des Balkans, la musique classique et l’improvisation en ont fait un musicien agile et curieux, toujours éloquent (puisqu’il ne parle jamais pour ne rien dire) comme en attestent ses prises de paroles sur « Swing 48 », manifeste de modernité, ou ce « Troublant boléro » emmené sur un pastel de folk. Romain Vuillemin a lui aussi vu Dieu le Père en découvrant la musique du créateur de «Nuages». Avec son quartet, il en a prêché la bonne parole, en assimilant jusqu’à la moelle les éléments de l’école alsacienne dont il est issu. A la pompe comme en voix lead, dans les trépidations de « Dinette » comme dans les vapeurs de « Manoir de mes rêves », le guitariste ne triche pas. Fanou Torracinta a baigné dans un pays de guitare et de voix fortes. En Corse, son île, il croise Tchavolo Schmitt qui va le révéler à un public plus large mais Django règne déjà en coeur telle une idole. Une douce langueur (qui le fait exceller sur les valses et autres flonflons dont « Montagne Sainte Geneviève » se fait l’écho) et la sonorité de cristal qu’il prête à « Nuages » lui confèrent une place de choix et tout à fait méritée sur la scène actuelle. Rassembler tant de talents – auxquels s’ajoutent ceux de Julien Cattiaux à la pompe, Giacomo Smith et Robert Fish à la clarinette – ne différencierait pas ce projet d’autres hommages à Django Reinhardt si Edouard Pennes n’avait eu le goût d’y placer un très élégant quatuor à cordes (Jules Dussap et Charlotte Chahuneau au violon, Issey Nadaud à l’alto et Apolline Lafait au violoncelle), toujours placé au bon endroit et au bon moment par les arrangements de Philippe Maniez, Sébastien Béliah et David Paycha. Des couleurs impressionnistes que Django aimait tant, aux cadences baroques très anciennes cousines du jazz, jusqu’aux symphonies de poche à la remarquable efficacité, ces arrangements illuminent littéralement les compositions, sans en retrancher aucune des propositions. Ce qu’un arrangement devrait toujours être ! Ce Génération Django n’est pas un hommage comme les autres. Ici, on ne voit pas le temps passer et les thèmes, même connus par coeur, défilent dans toute leur évidence, loin des artifices et des déluges de notes. Un magnifique spicilège du génie qu’il célèbre et qui, décidément, ne meurt jamais. Django lives !
Chez Diggers Factory, nous connectons artistes, fans et professionnels pour produire des vinyles en éditions limitées. Nous créons avec vous un nouveau modèle de distribution plus intelligent et plus équitable.