Chiara Civello - LP - Chansons, International French Standards

La chanteuse italienne Chiara Civello et le producteur Marc Collin font équipe pour la deuxième fois. Après Eclipse, voici « Chansons : Chiara Civello Sings International French Standards ».

12 classiques des années 1945 à 1975, tous écrits par des auteurs compositeurs français.

De Michel Legrand à Charles Aznavour en passant par Charles Trenet, Édith Piaf, Jacques Brel ou Gilbert Bécaud et Francis Lai. Les noms bien connus (household names) des mélomanes francophones, mais moins pour le public international.

Et c’est ça la grande surprise de cet album. Ces morceaux ont traversé des frontières sans que les auditeurs lambda sachent qu’ils appartiennent au patrimoine français. Ici, ils passent de l’ombre à la lumière.
Qui eut cru que Feelings, The Good Life ou My Way sont tous signés par des Frenchies. Et que Frank Sinatra, Julio Iglesias, Elvis Presley, Madonna, Lady Gaga, Luciano Pavarotti, Céline Dion, Dalida ou Caetano Veloso ont gravé ces bijoux dans la bande son internationale.

Comment les chemins d’une « Jazz Head » et d’un punk se sont croisés ?

Une admiration réciproque. Il la découvre grâce à des amis communs. Civello connaît le travail de Collin. Nouvelle Vague, l’œuvre phare du producteur. Ces reprises sont un crossover qui parle fort à Chiara. Elle s’intéresse depuis toujours à un décloisonnement de genres. On n’a qu’à regarder ses collaborations : Burt Bacharah, Gilberto Gil, Chico Buarque ou James Taylor. Collin et Civello partagent le concept d’un son universel. Elle admire sa vision « tropicaliste », comprenez multiculturelle. Et ils sont fans tous les deux de bandes originales de films italiens des années 60 et 70, Ennio Morricone ou Piero Piccione.
Sans parler d’un amour sans nom pour Julie London.

Pour Chiara chanter n’est pas une question de voix. « Chanter, c’est être ». Et avec Marc, elle approfondit l’idée qu’un morceau est aussi « une vision à multi-facettes. La lumière, l’ombre. Chiaroscuro. Où il y a toujours de la place pour l’expérimentation. Marc ne se soucie pas des algorithmes qui vendent. J’aime sa vibe. Il n’est pas stressé et n’a pas d’ego. On a un but commun et on veut l’atteindre. Ensemble, nos échanges sont un jeu de ping-pong, c’est comme une fièvre ». Avant d’ajouter « Si Marc me demande d’enregistrer sur un cargo avec des ailes sur le dos d’un cheval avec un ukulélé, je fonce ! ».

Collin, le patron du label Kwaidan, (Nouvelle Vague, Jay Jay Johanson ou Yasmine Hamdan) adore la voix de Chiara. Mais quand il écoute ses albums, il lui dit qu’il ne pourrait pas faire la même production. Biberonné au punk, il a l’habitude du DIY. Que les erreurs sont un plus pour produire un climat. Mais c’était une occasion pour lui de faire un disque de Jazz. « J’ai l’impression d’être un producteur américain ! Avec Julie London ou Dusty Springfield ! »

Chiara Civello est née dans les années 70 en Italie. Dès l’âge de deux ans, elle s’installe tous les jours devant un piano et entame « une relation personnelle » avec l’instrument. Ensuite, elle apprend seule à jouer de la guitare. Elle intègre une école de jazz et tombe en amour pour Sonny Rollins, Ornette Coleman ou Anita Baker. Son premier concert à l’adolescence est Shirley Horn. Une claque. 10 ans plus tard, elle signe sur le même label, Verve.
A 16 ans, elle passe une audition pour intégrer la célèbre école de musique américaine Berklee sans rien dire à ses parents. Elle gagne une bourse et part à 18 ans à New York. L’incroyable destin veut que sa co-locataire s’appelle Antonia Bennet, fille de Tony. Il lui trouve beaucoup de talent.

A Berklee, outre la composition et l’arrangement, elle apprend « « à marcher dans la musique » mais aussi la mixité, l’ouverture de l’esprit, l’identification de ce qui l’émeut. Tout le contraire de son pays natal où « la musique est gouvernée par la télévision. Moi, dit-elle, je ne me moulerai jamais aux demandes d’un marché ».

Aujourd’hui elle signe son 2e album, enregistré à Bari (Italie) avec la crème des musiciens italiens, dans les conditions du direct avec très peu d’overdub.
Pour le choix des titres, tous existent en Italien, ils décident ensemble quelle langue pour quelle chanson.

Sa voix est intime, parfois à fleur de peau. La production est épurée, avec la Marc Collin touch : un poil rétro, avec un éventail de styles musicaux qui couvrent du jazz piano bar au sens noble du terme (I Will Wait for You, My Way, The Good Life), du swing (Petite Fleur), des rythmes cubains (Pour toi / Feelings) du drum and beat, un piano luxuriant et de l’improvisation vocale (La Vie en Rose), de la soul (What Now My Love) et même de la blaxploitation (Hier Encore).

« Pour toi (Feelings) » est le premier single extrait de cet album à paraître au printemps 2021, sortira le 11 décembre 2020.