La Féline - Triomphe

Tracklist

Face A
1.
Senga
La Féline
04:05
2.
Le Royaume
La Féline
04:53
3.
La Mer Avalée
La Féline
04:29
4.
Trophée
La Féline
03:53
5.
Samsara
La Féline
02:29
Face B
1.
La Femme Du Kiosque Sur L'Eau
La Féline
02:24
2.
Comité Rouge
La Féline
04:46
3.
Séparés
La Féline
04:25
4.
Le Plongeur
La Féline
03:07
5.
Gianni
La Féline
05:03
6.
Nu, Jeune, Léger
La Féline
03:08

Produits associés


La Féline
ÉPUISÉ

Informations


  • Artiste : La Féline
  • Label : KWAIDAN RECORDS
  • Format : 1 x 12" (140g)
  • PaysFrance
  • GenresPop
  • Date de livraison estiméeLivraison en 2 à 7 jours

Description

Dans une vie précédente, La Féline était trois. Trois voix fondues en une qui, sur une poignée de EPs aux influences multiples, se cherchaient entre les genres musicaux, les langues, les expériences, avec pour fil d’Ariane l’écriture et le timbre lumineux d’Agnès Gayraud, chanteuse et guitariste. Puis vint Adieu l’enfance en 2014, premier album remarqué sur lequel elle endossait désormais
seule le pelage de La Féline. Une voix unique y émergeait, laissant libre cours à des obsessions qui apparaissaient jusque-là en filigrane. Album cathartique annoncé comme tel dès son titre, entièrement chanté en français, Adieu l’enfance était aussi un acte de renaissance. Hypnotique dans ses sonorités new wave, urbain dans ses climats, introspectif dans ses textes où le monde extérieur faisait parfois irruption dans un éclat de vitres brisées. Docteur en philosophie et chroniqueuse qui réfléchit sur la musique des autres, Agnès Gayraud aurait pu choisir d’intellectualiser sa démarche ; au lieu de quoi, elle fait vœu de candeur et de sincérité dans ses propres chansons, comme pour
mieux contrer la dureté du monde. Qu’elle ait choisi pour terrain de jeu la pop, naïve et spontanée par essence, n’est sans doute pas un hasard. Malgré cet adieu revendiqué, une part d’enfance continue d’habiter sa voix et son regard. Un regard qui, au fil des écoutes, finit par imprégner le nôtre ou se confondre avec lui. Peut- être cette part d’enfance résonne-t-elle avec la nôtre? Derrière leur simplicité de surface, les chansons de La Féline réveillent des échos surprenants dans notre quotidien comme dans notre perception du monde. Ainsi la vue d’un mur graffité dans la nuit parisienne ravive-t-il immanquablement le souvenir de «Zone » et de son clip qui peignait des décors urbains de couleurs oniriques, au point qu’on ne sait plus très bien où commence notre imaginaire et où s’arrête le sien. Il y a dans ce regard porté sur le monde, réfléchi et ludique à la fois, une façon de s’émerveiller de tout, de lire l’étrangeté là où on la chercherait le moins.
Quand elle conçoit Triomphe, son deuxième album, sous le signe d’un dieu d’ivresse et de pulsions, Dionysos — alors qu’Adieu l’enfance, si pop et minimal avait quelque chose d’apollinien —, elle commence par se rêver guerrière impitoyable ou sauvageonne à la Miyazaki. « Senga », premier single placé en ouverture, signe un passage de relais : dans le miroir des eaux, Agnès la féline
devient Senga qui parle aux loups, Senga qui grimpe aux arbres et connaît les secrets de la forêt. Et l’on sourit en découvrant la clé cachée dans l’envers de ce titre, subtil jeu de double et de reflets : qui n’a jamais rêvé de cet autre soi capable d’accomplir tout ce qui nous échappe ?
Triomphe devient alors un ambitieux terrain de jeu où La Féline transforme la forêt en refuge, la mer en bain primordial où renaître, se projette dans un Tokyo où la nature aurait repris ses droits. On y croise des dieux grecs et des animaux totems (« Senga »), on y parle de renaissances (« Samsara », « Le Plongeur » — attirés dans les profondeurs du son d’une flûte octobasse), on y questionne la
place de l’homme dans la communauté (« Le Royaume », « Comité rouge »). Autrefois tournées vers l’intime, ses chansons s’ouvrent désormais sur les autres et le monde, suggèrent tout un arrière-plan inexploré derrière le voile des apparences, ce voile qu’on ose pas soulever, de peur d’en devenir fou, comme dans la nouvelle d’Arthur Machen, Le Grand Dieu Pan. Mais on verrait presque à
travers lui dans l’inquiétant final de « Gianni » aux allures de descente aux enfers, comme dans le crescendo libérateur du « Royaume » où flûtes et saxophones mêlent leurs voix stridentes dans une célébration extatique Triomphe. Sous le voile de ce titre ambigu et de cette pochette au regard
mystique, les ambiances sont profondes et sensuelles, les couleurs chaudes et les grooves sinueux. Entre les lignes perce un imaginaire nourri de cinéma comme de mangas, de mythes anciens comme d’archétypes populaires. Dans les yeux de La Féline, le monde se peint de clair-obscur et de couleurs fantasmatiques, les contraires se cherchent et s’équilibrent. Ici, la candeur est intense. Ici, la
sauvagerie est douce.

Mélanie Fazi

La Féline
France