Getz, surdoué du saxophone ténor avait fréquenté Jack Teagarden (son tuteur, 1943), Bob Brookmeyer (qui voit chez lui "le plus grand instinct de tous les jazzmen que j'ai rencontrés"), Lou Levy, qui n’en dit pas moins "Il est le Jascha Heifetz du ténor", Stan Kenton (1944), Jimmy Dorsey, Benny Goodman… avant de rejoindre l’orchestre de Woody Hermann au sein de la section saxes dite des « Four Brothers » (1947). Il avait composé Early Autumn (1948) et Long Island Sound (1949), le propulsant bientôt maître ès jazz cool, il avait succombé aux substances nocives avant la rédemption et l’enregistrement de Focus composé par Eddie Sauter (1961), lorsque la Bossa Nova atteint les côtes états-uniennes (voir Masters of Jazz Bossa Nova et Joao Gilberto). Le rythme lent et syncopé de la Bossa Nova fusionne avec la sensibilité de Getz. Il ne tente pas de « jouer latin », il intègre l’esprit et le rythme d’une musique d’ailleurs à son lyrisme naturel pour fabriquer une Bossa Nova à laquelle il imprime son élégance. Les quatre faces de cet album n’ont pas seulement marqué
des générations de musiciens, elles ont envouté le grand public sur les cinq continents pour des décennies.