Quinze ans se sont passés depuis la dernière apparition de The Absence, à l’automne 2021 Gary Lawrence Soubrier et Siegfried Chevignon se retrouvent; l’amitié n’avait pas disparu malgré cette si longue absence, chacun espérant secrètement retrouver la magie des compositions communes passées. Quelques démos envoyées par mail, quelques mélodies chantées au téléphone, quelques anecdotes sur ces 15 ans loin de l’autre, l’album Under Red Dawn est né sans mot dire.
Prévu pour Juin 2022, s’il reprend les recettes qui avaient suscitées les nombreux éloges de la presse musicale française des années 2000 par le côté pop-anglaise soignée, leur musique est devenue plus violente empreinte de fragilité et de mélancolie, comme si Morrissey s’accouplait à My Bloody Valentine.
Le recrutement d’un bassiste, Romain Guillet, apporte plus d’assise aux morceaux pour maintenir de la cohérence aux dérapages des guitares et des envolées lyriques du chant qui n’a pas peur de se briser, de franchir les limites autrefois contournées. Garder le côté brut des prises, ne plus rechercher la perfection froide de leurs premières productions, comme des chasseurs de papillons, attraper l’émotion et l’épingler dans le cadre que sera le prochain album 8 titres. Les trois membres, d’une ville l’autre (Lyon, Paris, Angoulême), partagent cet amour des sonorités qui apparurent à l’aube des années 90 (Pixies, Sonic Youth, Adorable, Ride, Yo La Tengo) mais aussi plus loin dans leurs enfances la découverte des Smiths, Joy Division, New Order, James, etc.
Rien de très français finalement dans cette histoire, logique pour un Gallois et un ex-expatrié américain qui ont grandi dans la diagonale du vide.
Un leitmotiv s’impose depuis leur premier cinq titres, l’influence des bandes-originales de cinéma, faire des albums suscitant l’image et la tragédie, s’imaginant peut-être les héros d’un film de John Cassavetes… mais Under Red Dawn n’est plus la BO d’un film imaginaire, c’est l’histoire d’une amitié vieille de 30 ans, une vieille boîte à chaussures contenant les polaroids de leur adolescence où ils jouaient maladroitement en première partie de groupes comme Girls Against Boys ou Baby Chaos.
Under Red Dawn est donc ce nouveau film qui se passe à New-York dans les années 90 du côté de Red Hook, l’endroit où l’aube éclaire Manhattan en oubliant les habitants et les travailleurs de la jetée.
Huit titres benzodiazépines pour parcourir les rues d’une vie pleine d’épines, de destins croisés, de départs et d’arrivées. Se retrouver seul à Grand Central et s’étourdir des destinations que l’on ne sait, que l’on ne peut prendre.
Pristine, présentée comme le teaser de cet album, un titre réinventé au fil des albums de The Absence est le fil rouge du groupe, cette troisième version a en elle-même l’évolution du groupe, colère, violence et fragilité.