Il est parfois bon de se maintenir à distance des gens qui admirent votre travail. Pour l’album
de son retour, Brisa Roché a appliqué à la lettre cette règle. Après avoir publié quatre albums
en France, elle est revenue vivre dans son pays natal, la Californie. Attention pas la Californie
des surfeurs et des autoroutes à six voies de Los Angeles mais celle du Nord des montagnes où
poussent les sequoias et où rodent les pumas. Et dans son home-studio perché sur ses hauteurs, elle a compulsé pendant deux ans les musiques que lui ont fait parvenir musiciens, collaborateurs réguliers ou non, producteurs de Paris et du monde entier. Invisible 1, l’invisible précise le titre de l’album, quand tout est possible, surtout de dépasser les limites imposées par un studio et le nombre
habituel de participants à un enregistrement. La chanteuse a écrit vite, dans l’urgence de la
nouveauté, une quarantaine de mélodies et d’arrangements dont il reste aujourd’hui
ces quatorze titres rassemblés dans deux faces, au tour desquelles deux facettes de sa personnalité
se détachent. La première, plus introvertie, repose sur des compositions à la guitare accompagnées de cordes grâce aux arrangements subtils de Thibaut Barbillon. On y retrouve la chanteuse aussi rêveuse qu’insomniaque, se livrant à l’exercice de la confession. Comme échappée d’un girls group, elle nous invite à marcher avec elle ou à s’enfermer dans sa chambre. L’autre face du disque, plus sol
aire, est aussi plus électronique avec aux manettes Blackjoy, à la fois remanieur et producteur. Avec l’aide également du producteur Marc Collin (Nouvelle Vague, Yasmine Hamdan, Elodie Frégé...). Dans cet univers-là, Brisa s’amuse sur des formats courts, sa voix s’amplifie et vient taquiner celles de Kate Bush et de Lana Del Rey.